CORSE ULM

Thierry, Dumè, Yvon, Michel, Vincent, Alain, Eric et Patrick
Balade dominicale chez Gavino et plage à Platamona
Par Yvon, puis en deuxième partie par Dumè
Bilan : 2 pneus crevés, thierry dopé à la boisson énergétique et un Président trempé...


Ce matin du dimanche 2 juillet, nous partîmes 8 à bord de 5 ULM, Destination : la Sardaigne.

Nous étions répartis comme suit : Vincent emmenait Dumè comme pilote sur son GTE afin de parfaire sa formation, Thierry accompagné de Eric dans son Clipper, Michel seul dans son Tanarg et moi passager d'Alain sur son Clipper, lequel je remercie au passage pour son invitation. Un huitième larron prénommé Patrick nous accompagne à bord d'un motoplaneur Pipistrel Sinus, un oiseau volant normalement au voisinage des 200 km/h et à qui son cocher va devoir tirer les rênes afin de ne pas nous semer.

Briefing avant décollage qui a permis notamment de découvrir le nouvel accessoire acheté par le club : une balise de détresse

Le décollage effectué, nous tentons de nous regrouper. En effet, des décollages espacés et en 10 pour certains, en 28 pour d'autres, ainsi que des plages de vitesses allant du mulet à l'étalon nous désorganisent quelque peu. Il faut pourtant se rassembler rapidement car seuls deux appareils sont équipés d'un transpondeur et nous devons contacter simultanément Ajaccio info pour activer le plan de vol nécessaire pour la traversée maritime et Figari pour la traversée de leur CTR et puis c'est plus sympa de savoir ou se trouvent les autres.

 

Le regroupement se fera finalement dans le ciel de Figari et après quelques derniers échanges radio en début de traversée maritime, l'approche des côtes sardes se déroulera dans un calme olympien.

C'est lors de ce moment de répit que j'en profite pour rappeler à mon bon souvenir mes connaissances sur l'Italie. Pour ma part, c'est une grande première car je n'ai jamais posé les pieds sur le sol italien. L'Italie m'évoque dans un premier temps le Vatican et sa place St Pierre, Léonard De Vinci, Michel Ange…puis très vite je m'évade rêveusement avec Lolo Ferrari (mais pas longtemps) puis avec Monica Bellucci. Dans les nuages, cette dernière m'hypnotise et doucement, elle m'invite à incliner ma tête sur le côté gauche… A gauche, Michel retient son Tanarg pour ne pas nous dépasser.

Ce songe était très agréable mais l'apparition du pendulaire jaune sur le côté me ramène rapidement à la réalité. Ce n'est pas parce je suis passager que je dois me laisser bercer passivement par le balancier agréable du clipper. La sécurité est l'affaire de tous !!

Rapidement, je tente de me souvenir des règles de base à respecter à l'approche des terres mais mon rêve reste omniprésent...

Les côtes sardes atteintes après une traversée maritime au plus court ( Bonifacio - Santa Teresa Galura ),
nous poursuivons notre vol vers le sud-ouest.

La formation se disloque quelque peu mais, chacun restant à vue, nous suivons tous la même direction vers un petit terrain perdu en plaine du côté de Ploaghe.



Le GPS aidant, nous le trouverons assez aisément et nous nous y poserons afin d'y faire une courte escale.


puis nous redécollerons à destination de Porto Torres.

Le terrain de Porto Torres est une plate forme pour aéronefs ultra-légers. On trouve en Italie beaucoup de pistes comme celle-ci sachant que les ULM ne sont pas autorisés sur les aérodromes. La piste en terre de Porto Torres n' est pas très longue et est légèrement en dévers. De plus, elle est limitée à l'ouest par une haie. Il s'agit donc de viser juste…rien à voir avec la piste de Tavaria sur laquelle j'ai appris à voler. Nous découvrons à l'atterrissage que le sinus posé avant nous a un pneu crevé : petit souvenir " chardonneux " du terrain précédent.

A Porto Torres, nous avons pris un repas gargantuesque...

...avant d'aller faire une sieste sur la plage. Je me suis même baigné (très rare)

Au début, je ne voulais pas, alors les copains ont essayés de m'attraper pour me mettre à l'eau mais moi, je crois qu'ils voulaient plutôt me piquer mon slip…

Je n'ai pas rencontré Monica Bellucci mais je me suis quand même fais une copine très très sympa et très bien équipée :

Oups !!! Je me suis trompé de cliché Pardon !! C'est elle ! ici

En fin d'après midi, nous avons regagnés le " campo di volo " Il restait encore à préparer les machines pour le retour. Dumé et moi avons été chargés d'aller chercher l'essence avec des jerricans et une autre surprise nous attendait : Alain avait lui aussi un pneu de crevé.

Pour le retour, j'ai échangé ma place avec Dumé et je suis donc monté en place avec Vincent en place pilote. Les évènements se sont dés lors un peu précipités car la tension montait au fur et à mesure que l'heure avançait. Nous avons décollés 20 minutes avant les autres appareils que nous avons finalement attendus, posés sur une petite piste près de Castel Sardo.

Le retour à partir de là s'est fait groupé en longeant la côte pour rejoindre le point tournant identique à l'aller, à savoir la traversée maritime la plus courte, puis à partir de Bonifacio un vol direct jusqu'à Figari. Nous nous sommes quand même posés avant la nuit. Alain, qui avait seulement regonflé son pneu pour le retour n'a pu rejoindre la bulle au roulage après s'être posé.

Ce fut une très bonne journée et une expérience très enrichissante mais je retiens que les retours tardifs donnent parfois mal à la tête…


Les aventures aéronautico-culinaires de Corse ULM en Sardaigne, par Dumè

- Allez, il faut tout finir, me dit Gavino, avec son superbe accent italien !
- Gavino, merci, mais j'en suis à mon 10ème poisson.
- Ah, mais tu ne manges rien !

Je ressens la curieuse impression de me retrouver 30 ans en arrière, attablé avec mes parents qui se désespéraient de mon soi-disant " appétit d'oiseau " ; on a tous vécu ça ! Mais dans ce cas, je dois avouer qu'après ma 3000ème calorie, je n'en peux vraiment plus.
La gastronomie sarde n'a rien à voir avec la nouvelle cuisine française, jugez-en par vous-mêmes :
- en entrée, pléthore d'antipasti à base de poisson et fruits de mer, accompagnés de spaghetti en sauce, s'il vous plaît !
- pas le temps de souffler, j'enchaîne sur des gnocchi alla sarda
- sans esquisser le moindre trou normand, on se termine avec un assortiment de poissons grillés.
Je passe sur les carafes de vin blanc et de bière qui accompagnaient ce délicieux repas, bref, tout le petit monde de Corse ULM se retrouve somnolent et plongé dans les affres d'une digestion de plusieurs jours.

Je doit toutefois décerner la fourchette d'or à notre Président : avec la régularité d'un métronome, Alain ingurgite des quantités phénoménales d'aliments !
Songez à épargner un peu à l'avance si vous comptez l'inviter un jour à votre table : ce garçon consomme des protéines comme un Rotax engloutit de l'essence !

Mais avec tout ça, j'ai oublié de vous raconter comment nous en étions arrivés à être attablés à ce restaurant.

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Donc, la veille, coup de fil de Vincent : " On va en Sardaigne demain, tu viens ? Tu seras en place avant ".
Donc c'est " oui " bien sûr, et la nuit a été courte et agitée (du style : " je vais en Sardaigne demain, je vais en Sardaigne demain etc… ").

A 7 h le lendemain, départ d'Ajaccio, je récupère Yvon qui va voler avec Alain.

9 heures, tout le monde se retrouve à Tavaria, s'équipe pour le vol (blouson, gilet de sauvetage…) et prépare les machines. En cas de pépin lors du survol maritime, Yvon, responsable de la balise de détresse, devra l'enclencher et la jeter au copain tombé à la baille.

5 ULM feront le voyage : Vincent et moi, Alain et Yvon, Thierry et Eric, Michel en solo et Patrick, pilote très sympa aux commandes de son splendide Sinus 3 axes.

Vers 10 h, la patrouille s'aligne sur la 10. Pas peu fier, je suis en N° 1, assisté par Vincent, pour ma 1ère nav en tant que pilote !

Les machines sont chargées et le taux de montée s'en ressent. Quelques 360 au dessus de la vallée de l'Ortolu pour regrouper la patrouille, et nous prenons la direction de Figari, en laissant l'Omu di Cagna sur notre gauche. Carré et précis, Vincent se charge des échanges radio avec le contrôleur : c'est pour moi un des aspects les plus formateur de ce voyage.

On transite donc verticale Figari, puis direction Bonifaziu en prenant de l'altitude. Le survol des bouches de Bonifaziu se fait à 1000 mètres d'altitude avec Santa Teresa en ligne de mire ; en quelques minutes, nous avons franchi les 13 kilomètres du détroit et me voici, pour la 1ère fois de ma vie, en Sardaigne, ou du moins au-dessus.

La patrouille opte pour un trajet à l'intérieur des terres. Quant à moi, je me contente de suivre les indications de cap et d'altitude de Vincent. Quel plaisir de tourner la tête pour apercevoir les copains en vol, à droite et à gauche de Zoulou Golf !

1ères impressions sur la Sardaigne : l'altitude moyenne est beaucoup moins élevée que celle de la Corse (innombrables possibilités de vacher tranquille); ce n'est toutefois pas la plaine germano-polonaise, car il existe quelques reliefs à l'intérieur, mais ceux-ci n'ont rien à voir avec nos montagnes abruptes. Sur la côte, des villages se serrent autour de leur ports, gardés, pour certains, par des tours de guet, comme chez nous.

Une autre différence est la mise en valeur de l'espace : pas un seul km2 qui ne soit exploité : cultures de maïs ou autre, arboriculture, pacages ont fait disparaître l'ancienne forêt méditerranéenne, si présente dans l'intérieur de la Corse. On sent que la terre a été " grattée " depuis des millénaires par des Sardes 10 fois plus nombreux que les Corses. Moi qui m'attendait à voir un désert ! Quelques barrages permettent de stocker l'eau nécessaire.

Pour ce qui est du tourisme, des complexes hôteliers sont bien présents, mais la côte ne m'a pas semblée complètement bétonnée, du moins dans cette partie de l'île.

Il est bientôt midi et la chaleur grimpe : les thermiques font leur apparition et les ULM commencent à danser dans le ciel sarde ; la patrouille s'étale davantage pour assurer sa sécurité. J'ai trouvé ça assez plaisant d'ailleurs (il suffit de laisser les choses se faire et de corriger seulement les gros écarts), mais cette sérénité s'explique sûrement par la présence de Vincent en place arrière et par les qualités de la Kiss dans la turbulence.

A ce moment, nous nous dirigeons tous vers une piste ULM pour faire une étape, et le jeu consiste à la trouver. Vincent reprend les commandes et j'avoue n'avoir découvert cette piste qu'au moment de la finale : c'est une petite bande de quelques centaines de mètres, bordée d'une ligne à haute-tension, que pas grand-chose ne distingue des champs alentours. Il fait très chaud et c'est très rock'n roll : j'aurai été incapable de mener à bien cet attero tout seul. Une fois posés, on observe les atterrissages des copains : tout se passe bien.

Gavino, agriculteur de son état et propriétaire des lieux, nous accueille avec beaucoup de sympathie, et nous permet de nous désaltérer dans son bureau de piste, car la chaleur est vraiment écrasante.



Après quelques palabres (Gavino en bon français et Alain dans un italien parfait), tout le monde décolle pour Platamona, notre destination finale, où il est convenu que nous retrouvions Gavino.

Vincent passe en place avant, vus les thermiques, c'est plus sûr. Et c'est reparti pour une séance de ludion !
Le sinus prend de l'avance, trouve la piste et nous renseigne sur les conditions du moment.

La patrouille se pose en file indienne sur une piste bien aménagée, bordée par des hangars. Au sol, nous sommes accueillis par un splendide matou gris pas farouche, qui nous fait la conversation : sympas, les chats sardes ! Le temps de protéger les machines et d'ôter nos équipements, et nous retrouvons Gavino venu en voiture, qui nous conduit au restaurant évoqué plus haut (repas de 12 h à 16 h), je passe donc sur cet épisode.

Le retour en Corse est fixé à 18 heures. Que faire d'ici-là ? La petite équipe décide de louer des pliants et des parasols sur la plage voisine. Nous débarquons donc au milieu des vacanciers et ça sieste ferme pendant une bonne heure, puis les plus courageux décident ensuite de se baigner dans la grande Bleue :

Sous les yeux songeurs des starlettes de la plage, c'est un défilé de Corsulmistes en slip, car les maillots de bain sont restés en Corse.



Yvon décide au passage de donner quelques cours de natation à Alain (qui ne demandait rien, me semble-t-il),
dans un style … disons … militaire !



(voir la vidéo de Dumé)

Retour au terrain de Platamona vers 17 heures. Nous nous partageons les tâches : Yvon et moi sommes véhiculés par Gavino (décidemment très hospitalier) pour la corvée du fuel (nous en prenons 100 litres) tandis qu'Alain et Patrick réparent les pneus de leur appareils que les chardons des pistes ont crevés.

Patrick remerciant Tomaso de son aide
suite à la réparation de son pneu

Au retour, Yvon volera en place avant avec Vincent tandis que je serai le passager d'Alain. Nous saluons nos hôtes sardes, et la patrouille prend l'air vers 19 h, c'est-à-dire déjà en retard sur l'horaire prévu. Le trajet retour suit le tracé de la côte, à 300 mètres d'altitude pour respecter la législation italienne.

Les conditions de vol ont beaucoup évolué : l'air est très calme et la luminosité de cette fin de journée est fantastique. Nous survolons Castelsardo, puis Santa Teresa, et franchissons les bouche de Bonifaziu.

C'est un moment vraiment féerique, que je ne suis pas prêt d'oublier : les cinq ULM sont en patrouille dans la lumière dorée du soleil couchant, entre Sardaigne et Corse, suspendus à 1200 mètres d'altitude. C'est toujours difficile et frustrant de tenter de décrire ce que l'on voit et ce que l'on ressent ; il faut vivre ces instants et s'efforcer de les graver dans sa mémoire.

Nous transitons par Figari en visuel sur un ATR en finale, puis direction Sartè.
Le soleil s'est couché, et on glisse au-dessus des reliefs dans une atmosphère exempte de toute turbulence : c'est tout simplement magique.

La patrouille s'étale et nous nous posons à quelques minutes du début de la nuit aéronautique. Alain fait une approche à vitesse réduite, car il n'est pas sûr que son pneu réparé ait tenu le coup : bien joué car ce dernier s'est sournoisement dégonflé pendant le vol et manque de déjanter lorsque nous touchons sur la 28.

Retour à la bulle et fin de ma 1ère nav en tant que néo-breveté.
Au total, 4 heures d'apprentissage, mais surtout 4 heures de plaisir partagé.

Yvon et moi retrouvons Ajaccio vers minuit, pour une nuit de sommeil bien méritée.

Je tiens à remercier Gavino et les ulmistes sardes pour leur accueil, tous les copains de Corse ULM décidemment toujours aussi cools,
Vincent et Alain pour m'avoir permis de vivre cette expérience.

Un merci particulier à Florence, ma compagne, pour avoir supporter des jours durant la narration du récit des mes aventures aériennes !


Rédaction : Dumè, Yvon ; Photos : Eric, Michel, Yvon

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