Les NAVS de CORSE ULM

11-13 Novembre 2004
Tout seul en Sardaigne

La première grande nav' solo d'Alain !

 



En vert, la route aller. En orange, le retour. En jaune, les terrains où je me suis arrêté.


Jeudi

Propriano. Je suis sur le tarmac à 8h, la machine était prête, j'avais pris mes précautions dimanche pour ne pas être trop pressé ce matin. J'avais aussi tenté une accroche de deux bidons de 10l, mais j'ai sagement abandonné cette idée...

Après les ajustages de dernière minute, je suis paré au décollage à 8h30 mais la pluie a fait son apparition. Il n'est pas envisageable de déposer un plan de vol pour le moment. Je contacte la météo de Figari qui m'annonce du beau temps sur le Sud et que la zone pluvieuse se décale vers le Nord.

Effectivement quelques instants après, la pluie cesse, je contacte le BRIA d'Ajaccio et le plan de vol est enregistré pour 9h30, heure locale, à destination de Valledoria (près de Castelsardo) Je suis habillé (chaudement, ou du moins je le pensais…), contacts, démarrage et… prrrrrttttt ! Plus de batterie ! Le transpondeur et le GPS que j'avais laissé sur la machine étaient pourtant bien éteints, mais malgré cela, une consommation "en veille" est peut-être à l'origine du problème. Je démarre manuellement, après quelques tentatives qui me donnent chaud, le moteur tousse enfin.

Décollage en 10, la brise de terre souffle encore. Je me dirige vers Sartène et passant 2500 ft, j'allume le transpondeur puis contacte le SIV Ajaccio (Service d'Information de Vol). Je passe ensuite par le point W, puis SA pour un survol de Bonifacio à 3000 ft. Le temps est calme, et j'ai un peu de vent de face depuis mon départ. En effet, le GPS affiche une vitesse-sol de 70km/h.

Passant la FIR d'Ajaccio au-dessus des Bouches de Bonifacio embrumées, je contacte Olbia (au Nord-Est de la Sardaigne). Il y a un mois, le contrôleur était bien sympa, tout c'est bien passé. Aujourd'hui, il va en être autrement… Tout d'abord, il me demande de parler en Anglais et non en Italien. Pas de chance pour lui, mon Anglais est quasi inexistant au sol, alors en l'air… On continue donc en Italien et il me demande de reporter ma position à Isola Rossa, sa sortie de zone (après c'est celle d'Alghero).

Puis il me rappel pour me redemander ma destination : "Campo di Volo di Valledoria" lui dis-je. Il m'informe alors que cet aéroport n'est pas officiel et que la loi italienne ne me permet pas d'y atterrir. Effectivement, ce n'est pas un aéroport… Une piste en herbe de 300m entre les arbres au bord de mer, c'est une plate-forme ULM !
Je lui réexplique que je suis un "ultraleggeri" et que ma destination est un "campo di volo"… Rien n'y fait, il me prend pour un 747 ! Il me rappelle qu'il est interdit pour moi d'y atterrir, et me demande quelle est ma décision. Je lui propose Platamona (Porto-Torrès, notre destination habituelle, me disant que Valledoria est peut-être effectivement inconnue sur leurs cartes). "Negativo", ce n'est toujours pas un aéroport… !
Je maintiens donc Valledoria, puis perd le contact radio en cours de route. Encore 45mn de vol. Oui, c'est long, je sais ! Mais j'ai encore du vent de face…

Deux heures après mon départ de Propriano, j'ai froid mais j'approche de ma destination et coupe le transpondeur passant 1000 ft. Puis j'aperçois Valledoria, sa ville, ses pins, sa jolie plage et… ses Carabinieri (les gendarmes) ! J'hésite à atterrir, mais une envie pressante se faisant sentir depuis quelques temps, je n'ose penser à rester encore en vol. L'approche est un peu chaude car des lignes électriques barrent mon approche par le Sud (pour poser face à la mer et au vent).

 

J'évite le survol du village, aperçois les carabinieri surveillant la circulation… Finale au-dessus de la route, …trop long ! Je remet les gaz bien avant la cime des arbres et reprend mon approche. Atterrissage, demi-tour et arrêt près du hangar. Les Carabinieri me font signe de la route. Je vais à leur rencontre et leur demande si c'est bien Olbia qui les a appelés, ce qu'ils me confirment. Ah, saleté de contrôleur ! Il aurait fait une drôle de tête si je lui avais demandé un atterro sur son aéroport ! Les carabinieri se contentent de mes papiers d'identité, ce que je leur donne après clôture du plan de vol avec Ajaccio. On discute un peu du "deltaplano", ils sont sympas et habitués aux ULM du coin.

Thierry me passe un coup de fil pour être rassuré. Je me prépare à redécoller, mais avant j'enfile une paire de chaussettes en plus, trop froid ! Pourtant je ne suis pas mal habillé. En plus de mes vêtements, j'ai une combi de ski, des gants et une paire de chaussures chaudes.

 

Déco, et cap sur Thiesi, le "niddo del cuccolo". C'est le Campo di Volo de Raffaele, un copain sarde de ma première nav' avec Thierry et Vincent. Le vent est toujours de face (il tourne avec moi, à croire !) et me ralenti en vitesse-sol à 45km/h ! Je quitte la côte pour partir à l'intérieur des terres et attaquer les petits reliefs. Je survole de jolies éoliennes installées sur les hauteurs, vues de près elles sont immenses.

Une heure de vol après, encore gelé, j'aperçois la piste. Encaissée entre les montagnes, sur un plateau, l'approche est chaude… La piste en herbe est trempée et boueuse, j'emplâtre tout le carénage de l'ULM, mais pas trop le temps de réfléchir à sortir les chiffons, je dois garder les gaz pour ne pas me planter sur la piste collante.

Arrêt près du hangar, je mange un biscuit ("un verre d'eau, un biscuit...") en vitesse. Je décide de repartir au bout de 15mn. Comme le froid commence vraiment à me gêner en l'air, je rajoute mon blouson Air Création. Démarrage et gaz roue braquée pour tourner. Niet ! La roue ne fait pas tourner l'ULM car elle glisse tout droit ! Mais non, le frein n'est pas serré. J'insiste encore un peu et péniblement le chariot prend la bonne direction. Je remonte la piste, passe à travers une flaque de boue (faut que je décolle avant !) et continue de remonter -difficilement- la piste au plus loin possible sur le plateau.

Point fixe, pleins gaz, frein bloqué ! La puissance du Rotax commence à pousser l'ensemble, la roue glisse, je lâche tout mais l'ULM ne part pas bien vite, je sens les roues qui sont enfoncées dans la terre trempée essayer de se dégager. Je pousse un peu le trapèze pour soulager l'ensemble. Ca part ça y est ! Prise de vitesse et ouf, je m'envole juste 15 mètres avant la flaque !

 

 

 

Je mets le cap sur Torre Foghe, sur la côte Ouest, au Sud d'Alghero. C'est là que j'ai prévu ma pose casse-croûte. Le terrain est déjà connu par CORSE ULM. Paco et Vincent étaient venus en 2003. Le vent est de travers sur le parcours -qui me prend 1h30- mais il est bien dans l'axe pour l'atterro. Je rejoint le bord de mer et ses falaises pour me repérer, puis aperçois la piste sur un plateau isolé du reste par un impressionnant canyon, que je survole en finale.

Atterro face à la mer, la piste fait 500m. C'est mieux que les deux précédentes ! Posé ! Au roulage, j'évite de peu une ornière en plein milieu de la piste (un trou du genre fait par un cochon) et pas visible de là-haut. J'aurais pu y laisser mon train droit ou faire un cheval de bois… Pas cool.

 

A l'arrêt, j'aperçois un petit impact sur l'hélice. Il n'est pas passé loin du bord d'attaque. Je ravitaille pilote et machine. En effet, j'avais pris 20l dans un bidon dans le coffre installé à la place du passager. Je rencontre un local avec qui je discute un peu. Il me dit que ce campo di volo est surtout utilisé l'été. Je reste là 45mn puis repart vers le Sud, après avoir enfilé un tee-shirt en plus, brrr !
Il est presque 15h, je devrais déjà être à Siliqua.

 

 

J'évite le survol d'Oristano par l'Ouest, passe entre les lacs et survole le campo de Cabras, que je n'ai pas repéré (pas de piste, ni de hangar ou de manche à air).

D'ailleurs, ces Campo di Volo sont souvent déserts, alors que celui de Platamona est toujours en activité. Il devrait se classer Aviosuperficie !
Je vole bas car l'aérodrome d'Oristano n'est pas loin. Je veille la fréquence par sécurité mais rien ne s'y dit. La zone en tout cas est matérialisée par une interdiction de survol.

Le relief a disparu depuis Torre Foghe, je suis à 500m. La piste de San Gavino est occupée par un cheval gris.
Je ne m'y pose pas… car je n'ai pas lucie comme passagère.

Je mets donc le cap sur Siliqua, et là, gloups ! Je me fais dépasser par la droite par deux avions de chasse. Ils sont à 2km sur ma droite et environ 1000 ft plus haut. Je réduis les gaz et pique vers 250 m, plus bas je serais trop près des habitations. Epaules rentrées, je baisse la tête et me fait tout petit. Je sais que la Base Militaire de Deccimomanu n'est pas loin, mais des vols militaires si bas… Ouf ! En tout cas, je n'étais pas dans une zone à risque sur ma carte. Hop ! Encore un autre par la gauche ! Mais ils ont l'air de toujours garder le même plancher de vol (ce qui va m'être confirmé plus tard, c'est 1500ft). Ca me rassure.

En dessous, les lumières de certaines villes s'allument. Je suis à 1h30 de la nuit aéronautique.

Le vent, toujours de face depuis ce matin devient nul et je "file" -si j'ose dire- à 80km/h vers la base de Federico, qui scrute le ciel depuis environ 1h. Annonce radio sur 130.00, intégration et atterro.

La finale se fait au-dessus des arbres, après tu piques nettement pour toucher au seuil.
Je descends de l'ULM et trois Mirages passent 1500ft au-dessus de la piste.

Moralité : "En Sardaigne, vole bas !"

Après deux cafés chauds, servis par le fils à Federico (on a presque le même âge), leur amie m'accompagne pour déposer mes affaires au Bed & Breakfast qu'ils ont réservé pour moi.

Vingt Euros la nuit et le petit déjeuner, la maisonnette est récente et très propre. Cela fera une excellente étape pour un Tour de Sardaigne avec les copains, surtout qu'il n'y a que 300m à faire pour retourner à la piste.

De retour, je visite les installations de l'aviosuperficie, dont le premier hangar date du milieu des années 80. Federico était un des ulmistes de la première heure. Avant cela, il volait aussi en Cessna et faisait du largage de parachutistes. Il a deux exemplaires de Baroudeur (un 3 axes tube et toile). Le N°4 et le numéro 100. Pour info, c'était un bon client : il en a eu 17 !

Un beau 3 axes ailes basses me saute aux yeux ! Jaune pétant et comme neuf, je demande plus d'infos. C'est un kit de Sonex qu'ils sont en train d'achever après une année de boulot. Petite touche "maison" : il est motorisé par un 912 au lieu du classique Jabiru. La liasse de plan est impressionnante, c'est la première fois que j'en vois une.

 

Peu de temps après, Federico m'invite au restaurant, à proximité de la piste. Chez "Zinnigas", le cadre est très joli, tout comme les serveuses. On m'offre une boisson alcoolisée légère qui se boit mélangée à du vin blanc. On boit ça comme du petit lait, attention aux abus… ! Après un agréable repas, je retourne dormir "à la maison" vers 8h30 (j'en connais une qui dit déjà "comme les poules").

Je branche mon téléphone sur son chargeur et passe quelques coups de fil. Vincent est content de son poussin, les ailes ont bien poussé depuis le premier vol en novembre 2001. Merci pour tout ;-)

Je ne traîne pas à me blottir sous 4 ou 5 couvertures. En effet, depuis le milieu de journée, j'ai la désagréable sensation d'avoir pris un bon coup de froid. Il serait dommage de tomber malade pour si peu, et surtout si loin ! On verra demain.


Vendredi

Réveil à 7 heures ("comme les poules" ?). Je prends une bonne douche et un petit déjeuner nickel ! Quasiment tout ce qui est sur la photo est fait maison (les confitures de poire et de figues sont délicieuses).

Vers 9h je me dirige vers la piste, sous une pluie fine. Ca promet pour la journée ! Federico me prête sa voiture pour que je puisse me déplacer à ma guise. Je me dirige vers Cagliari, et la pluie se renforce. Avec moi, j'ai le GPS et marque ainsi les croisements routiers pour les retrouver au retour. Trente minutes après, je suis sur Cagliari.

Premier parking isolé, je me gare. Je préfère marcher un peu que de rentrer en ville et me faire abîmer l'auto. Il pleut toujours, capuche et avanti ! Je cherche un magasin de moto pour acheter quelques affaires chaudes et des gants pour le retour de demain. Un marchand de scooter m'indique la bonne adresse. J'arrive sur une artère principale nommée "Via Roma" et passe devant l'Hôtel de Ville, joliment construit et munit de deux tours comportant chacune son horloge.

Le téléphone sonne, Thierry prend des nouvelles, ça me fait bien plaisir de l'entendre. J'achète en route deux ou trois cartes postales, m'arrête dans une pharmacie pour prévenir mon coup de froid et passe devant une agence de voyage. Je prend cette photo, en clin d'oeil à Christophe d'Ulteama'venture (il comprendra...).

J'ai donc marché 45 minutes sous une forte pluie avant de trouver le magasin en question. Il est 11h40, il va bientôt fermer, j'arrive à temps ! Je m'équipe de sous-vêtements chauds et d'une bonne paire de gants. Ils connaissent même Federico ! Je demande un taxi car il pleut toujours.
Pour 6 €, je n'allais pas m'en priver, non? Il me dépose à l'Hôtel de Ville.

J'essaye de trouver un resto ouvert, mais rien qui me convienne. Il est midi passé, je préfère rentrer vers Siliqua pour un repas chez Zinnigas.

Je fais un GoTo au GPS pour trouver l'auto, elle est bien là où je pensais. Le retour est long et laborieux, les sardes ne sont pas forts côté signalisation et moi pas trop habitué à ce que j'appelle "une grande ville". Bref, passons !

Je m'arrête pour faire le plein de la voiture, courtoisie oblige ! 14h20, j'arrive au resto où ils servent encore le repas. Chouette ! Je retourne ensuite à la "maison" où le propriétaire me montre ses productions "made in home" puis à la piste préparer l'ULM pour demain et remettre de l'essence (1,19€ le litre, pour info). Il est 16 heures, je retourne préparer ma nav' de retour et prendre la météo pour demain. Federico, un de ses amis et moi-même partons au même resto pour une soirée comme je les aime. Tranquille, pas trop de monde et des amis à table.

Je rentre à 21h, écrit quelques cartes postales et cherche les timbres, mais en vain ! Pourtant, ils étaient dans la pochette ? Tiens, j'ai perdu la pochette…? Je remet ça à plus tard et organise mes sacs pour demain matin.

Il est 22h30, la poule à sommeil, bonne nuit…


Samedi

Cocorico ! Réveil à 6h50.Le petit déjeuner ne tarde pas à m'être servi.

Je prépare mes dernières affaires (et retrouve les timbres) puis rejoint la piste à 8h20, Federico ouvre le hangar au même moment.

Pour marquer mon passage, il m'offre la casquette "Tana del volo" du nom de sa base (traduisez "le repaire du vol"). Je m'habille chaudement puis décolle vers Oristano. En effet, hier Federico m'a proposé d'atterrir sur cet aérodrome fermé à la circulation aérienne.
Une activité ULM existant toujours à cet endroit, quelqu'un m'attendra sur place.


Federico et Alain

Je quitte Federico, et une fois décollé, j'allume mon GPS qui charge sa position. Je pourrais alors regarder le bon cap sur mon log manuel, mais je suis tellement sûr de moi que je remonte la plaine "face à moi, celle par laquelle je suis venu bien sûr…"
Je vole 5 minutes comme ça, puis regarde le GPS. Il m'indique des valeurs erronées, c'est bizarre. Je devrais mettre le cap sur ces reliefs à droite, mais je ne suis pourtant pas venu par là ?!!!! Je regarde le compas et mon log, mêmes indications ! Là autant vous dire qu'avec tous ces vêtements "spécial grands froids", j'ai vraiment un gros coup de chaud. J'ai une carte sous les yeux, je sais grâce au GPS et à mes repères où est Siliqua, mais impossible de créer un schéma mental de ma position. Si j'ai bien deux instruments qui m'indiquent le Nord, ces montagnes à droite me perturbent complètement. Je sais ce que vous êtes en train de dire : il s'est bêtement trompé de route ! Vous n'avez pas tort !
Sous ma combinaison, il doit faire 40°. Je n'ai jamais eu aussi chaud depuis mon départ !

Dans un sens, je suis content que cela m'arrive "d'être paumé" en vol, cela permet de mieux se connaître, de gérer son stress et de prendre les décisions qui s'imposent. C'est vrai que en Corse pour se perdre, c'est presque impossible car tu vois toujours un bout de mer et un relief unique longitudinal à l'Île. Ici ce n'est pas tout a fait pareil, la Sardaigne est un poil plus grande, et les reliefs plus variés. Si seulement j'avais allumé ce fichu GPS avant de décoller, il m'aurait de suite donné le GoTo ! J'arrive enfin à me situer sur la carte, mais il faut vraiment se forcer à faire disparaître ses certitudes et accepter son erreur. Une fois cela clairement admis "je me suis planté, où suis-je ?", on y arrive mieux ! Bref, je continue la route inverse encore 5mn et retrouve sur ma gauche mon autre plaine. La bonne cette fois-ci ! J'ai perdu 15 minutes dans l'histoire, dont 5 à tourner en rond…

 

Notez que j'aurais pu passer cela sous silence, mais c'est plus sympa de faire partager ses bourdes aux copains et c'est aussi une expérience tellement enrichissante. En effet, la prochaine fois (GPS ou pas…) AVANT de décoller, je vais me situer "mentalement" ma position et les actions à effectuer pour prendre ma route après le décollage. De même qu'avant l'atterro, je prendrai plus de points de repères ("d'où suis-je venu ?").
Ne rigolez pas ! Je ne pensais pas que ça m'arriverait si bêtement… Ca va vous arriver aussi… hé hé hé ! Et je compte sur vous pour le récit.

Je vole donc vers Oristano, vent de face pour la énième fois de ce récit. 60km/h, pas mieux ! L'air est calme, j'ai encore bien chaud sous la combi… Le vent se calme un peu, je gagne 10 km/h. Une heure et trente minutes après mon décollage, j'arrive sur le petit aérodrome.

Il a un charme similaire à celui de Propriano, une piste goudronnée de 800m, de la verdure et du calme, malgré la proximité de la ville. L'accueil est sympa, mais il ne m'est pas possible de rester longtemps. Renée m'a conseillée de rentrer avant 16h cette après-midi, je dois m'y tenir ! Sinon, le retour se fera dans 2 ou 3 jours, après le fort coup de vent annoncé.

Le "responsable" est favorable à ce que l'on vienne se poser ici pour le Tour de Sardaigne 2005, c'est chouette ! Car de là, on peut faire plein de jolis vols du soir…

Je redécolle après 15 minutes de pause. Le vent a forci, il est maintenant de 30km/h. Je ne vole plus qu'à 50… Je vais mettre 2 heures pour rejoindre Platamona, ma dernière étape.

De jolis reliefs me tiennent compagnie tout au long de la nav'. Un village construit à proximité d'une retenue d'eau attire mon attention.
Un coin idéal pour faire de l'hydro.

 

Je repasse au trois-quarts du chemin au-dessus de Thiesi, pas de traces de Raffaele.


Thiesi, le Niddo del cucculo !

 

La zone est turbulente depuis un moment déjà, mais à côté de l'Omu di Cagna (Figari/NW), c'est de la rigolade ! Le relief est assez haut placé, et la couche assez basse…

Je passe en sandwich entre les deux, et joue à cache-cache avec les nuages… puis j'aperçois la ville de Sassari sur ma droite et repère Porto-Torrès devant.


La Ville de Sassari

 

Je me dirige vers la plage de Platamona, sûr de trouver la piste du premier coup… Mince, elle est où ? Je pense alors à chercher la colline surplombant la piste mais je ne la vois pas vraiment. Arrivé presque à 500 mètres de la plage, la piste apparaît soudain, elle était cachée par la colline. J'annonce ma verticale à la radio, les copains sont là pour l'accueil.

Atterro à midi passé par un beau vent de travers sur la 19… entre les arbres du seuil ! Chaud vous dis-je !

Je dépose mon plan de vol, passe un coup de fil à Renée pour la météo et prend un rapide repas avec le chat GULP, et deux pilotes restés pour me tenir un peu compagnie.

 

Je transvase mon bidon de 20l dans le réservoir. J'enfile mes vêtements et mon gilet de sauvetage. Le décollage est sportif car le vent de travers a forci. J'ai d'ailleurs vu la bordure gauche de la piste de bien trop près à mon goût… A peine décollé, la mauvaise nouvelle tombe : 33km/h au GPS… Je ne verrais pas Capo Testa avant deux longues heures (au lieu de 45mn) ! Et Propriano ? Je n'y pense même pas, il me faudra encore 1 bonne heure dans ces conditions de vent de Nord !

J'ai tout loisir d'apprécier la côte, et de contacter Ajaccio pour ouvrir le plan de vol. A mi-chemin, j'aperçois devant moi un bel arc-en-ciel. J'ai compris ! Je lâche le trapèze et range le transpondeur au fond de la poche gauche de l'ULM. Il va pleuvoir dans pas longtemps. Arrivé vers Castelsardo, effectivement, je me prends la flotte. Rien de dangereux pour la tenue du vol, mais j'espère que ça va cesser sans trop tarder. Comme je vole doucement, je mets un temps dingue à passer cette zone pluvieuse. 45 minutes environ, ce n'est pas top…

Depuis le début du vol, je suis sur le trapèze, tout tiré à 5300 trs/mn (ben oui, ça m'arrive de tirer !). Ca n'avance au plus qu'à 50 km/h, je sors les rames… Je passe enfin Capo Testa. Le SIV d'Ajaccio doit être mort de rire… ils ont même eu le temps de changer de contrôleur depuis mon premier contact. J'allume le transpondeur en quittant la Sardaigne, et tourne volontiers le dos à Olbia… Ciao, ciao ! Les 12 kilomètres des Bouches de Bonifacio paraissent interminables, vu ma vitesse. Je suis alors à 4500ft et contrôle mon niveau d'essence, ça va le faire tranquille! Je passe verticale Figari en même temps qu'un avion de ligne se pose. Merci Renée pour ton aide, sans te savoir sur place, j'aurais eu plus d'inquiétudes à faire cette nav' dans des conditions météo pas glop. Le vent se calme, je reprends un rythme de vol normal.

Verticale à Propriano, personne à la bulle, c'est triste mais compréhensible car la météo n'incite pas au vol.

J'arrive devant la bulle et... Surprise !
J'ai mon comité d'accueil : c'est cool, Lucie était au club équestre, elle a fait un saut pour me faire un coucou. Merci lulu ! Je rentre rapidement l'ULM, et mets toutes mes affaires dans la voiture. On rangera tout demain, bulle et machine !

 

Bilan !

600 km en 2 journées et 14 heures de vol.

Heureuse idée de sortir du tour de piste, même quand il ne fait pas beau. A force de tourner en rond, on risque d'oublier le plaisir de voyager, et en pendulaire, quel pied ! Ca vole cool et ce n'est pas une machine vicieuse pour deux sous !
Parlons des sous justement. Départ avec le plein d'essence jeudi et retour samedi, logement, resto, essence pour le retour, cela fait moins de 200€ pour une jolie nav' en Sardaigne. Il y a pire comme vacances au mois de novembre, non ?

Autre point de satisfaction, avec mes 150 heures de vol, c'est ma première nav' solo si lointaine.
Le problème, c'est que ça donne envie de recommencer... c'est malin !
Prochaine étape ? L'Italie pardi ! Mais on attendra les beaux jours... et j'espère qu'on sera plusieurs à partir, car voler seul c'est bien, mais voler entre copains, c'est mieux !!!!!!



Suite au récit, j'ai reçu quelques mails sympas que je souhaite vous faire partager.
En effet, les voyages en ULM, c'est génial. Mais c'est avec des amis qu'on en profite le mieux !
Voici leurs commentaires :


Bravo Alain ! la prochaine fois que tu iras en Sardaigne, n'oublie pas tes rockets air-air !!

Tu t'es bien débrouillé et tu as un vrai talent de narrateur !! Tu me fais voyager gratis. Je suis très motivé pour t'accompagner dans ce genre de ballade. Le tour de Sardaigne ? Vivement 2005 !!! En attendant, à bientôt à "la bulle" et fait gaffe : c'est par les pieds qu'on s'enrhume ;-)

Je viens de lire ton épopée sarde !... Quel plaisir, que de belles émotions... et oui, c'est bien çà l'ULM ! Tu as même appris à te perdre et à te retrouver... ;-))) Bravo pour ton analyse et les enseignements que tu nous fait partager. C'est avec joie que je t'adresse mes plus sincères félicitations.

Attention, la nav est une drogue ! Prochaine nav l'Italie ? Tiens moi au courant, je pourrais vous joindre en vol (à Venise) !?

Bravo super ton récit, tu est un vrais pro. Attention aux femmes car tu ne pourras plus t envoyer en l'air comme tu aimes.

Je vois que tu t'éclates bien. Profites-en à fond.

J'ai vraiment adoré lire ton récit !! Bravo !! Vivement le prochain

Bonjour Alain, j'ai lu avec intérêt et admiration ta nav solo en Sardaigne....quelle aventure!!!:))))) Est-ce que tu te prépares pour un tour du monde????!!!!! En tout cas, je te trouve très courageux et entreprenant

J'ai participé au vol BRAVO ton recit me fait penser à mes escapades en moto ou il faisait 0 sur les routes (dans les pyrénées) et ou ma famille me prenait pour un taré si celà était à refaire peut-être oh oui.........

Merci Alain pour cette ballade on s'y croit avec beaucoup d'infos et de photos.... vraiment sympa tu vas transmettre le virus voyage à toute l'équipe si cela n'est déjà fait!

 



Photos & Rédaction : Alain


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