CORSE ULM
Italie solo, bis pour Alain
!
Bologne, Venise en Mai 2008
1050km ; 11h de vol
Voir les vidéos : courte (30sec) ou longue (8mn)
Après une préparation peu intensive, je
l'avoue, mercredi arrive et j'ai encore les affaires dans le coffre de la voiture.
J'hésite.
Cette dernière journée au boulot n'a pas été de
tout repos, ma préparation de nav' est faite seulement pour le premier
jour
et reste sommaire pour la suite. Je ne dispose, comme d'habitude, que de quelques
jours devant moi.
L'envie est là. Depuis le déménagement à ghisonaccia
de la bulle, j'ai eu peu de temps pour voler sur de longues distances.
Un seul aller-retour en sardaigne fin avril pour me jauger
(4h de vol dans la journée) et deux semaines plus tard je suis prêt
à partir.
Alors... je pars !
Mercredi soir, tout est donc préparé. Bagages, huile, essence. Une routine grâce à la check-list spéciale.
Jeudi
Réveil à 05h00. Décollage à
07h00 d'Alzitone, nouveau lieu de départ de mes aventures aériennes.
J'y suis bien. Il y a une bonne ambiance. Et l'ulm est à 20mn de la maison.
Le temps est calme, idéal pour une traversée maritime relax. Mais le risque existe toujours, méfiance donc le moteur n'a "que" 30h depuis sa révision. Après mon stage avec peyo en décembre, je m'étais donné cet objectif de 30h avant de repartir en nav maritime.
Bonne nouvelle pour la suite de la nav', ma conso horaire a un peu baissé
depuis la révision.
L'île d'Elbe dans la brume du petit matin |
On distingue Pianosa et au fond Monte Cristo |
Le nord de l'île d'Elbe |
La partie nord-est et on distingue aussi le continent italien |
Après une heure de vol par un tracé maritime bien connu, je retrouve Massimo Costa sur sa piste aux oliviers, "chère" à Paco.
Nous discutons une petite heure et je repars vers Bologna par une route jamais pratiquée.
Des courbes, des droites, du naturel, de l'industriel, la terre, l'eau. J'aime bien cette vue qui rassemble en une image la diversité de ce que l'on peut voir en vol |
Non, ce n'est pas la lagune de Venise...
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Les apenins à franchir |
Je suis sûr que les habitants n'imaginent pas les courbes que forment leurs champs. Incroyable. |
Passage près de Pise et de Florence. J'approche de la piste de Crespellano après 2h de nav', dont 30mn sur les reliefs peu sympathiques des apenins.
J'arrive dans la CTR de Bologna, je vole très bas puisque la règlementation est faite pour et je pose vers midi à ma destination de la première journée.
Dans l'attente de retrouver Massimo Lenzarini (importateur DTA, rencontré à Propriano), je file au village trouver de quoi manger un bout.
Un peu de culture locale. Une belle église avec un orgue. |
Un sandwich plus tard (rien trouvé de mieux), je balade pour passer le temps. Je téléphone à la météo, sale temps confirmé pour ce week-end.
Cela me plombe un peu le moral. Que faire ?
Je suis posé sur un banc dans la rue, devant une école, je pense aux options possibles et notamment à renoncer à la nav vers Venise.
Je regarde passer les voitures et les quelques piétons. Je les
regarde aussi me regarder...
Retour sur la piste.
Je prends possession du B&B. Très classe, récemment restauré et juste à côté de la base ulm.
En soirée, Massimo me rejoint après son travail. Nous regardons sa nouvelle acquisition : un Combo FC 912S.
Splendide machine, épurée, confortable, bien finie. Il représente bien DTA en Italie. Je bave un peu devant. Dans l'abri mitoyen, quelques pendulaires plus anciens attendent leur pilote. C'est rangé, propre, organisé. Bravo ! |
Ci-dessous, ma machine. Splendide, d'abord parce que c'est la mienne. Pour le confort... j'en reparle plus loin...
Nous sommes les invités des propriétaires du B&B. Nous dînons dans ce cadre un peu aristo du XVIIIème, j'adore !
Vers 23h, la patronne me conseille d'aller me coucher "Tu vas te lever
tôt demain, tu ne dois pas être fatigué" Bien madame...
Vendredi
Réveil à 07h00 et décollage une heure après pour Sassuolo, la capitale de la céramique.
La zone survolée est très industrielle, je zigzag en cours de route pour trouver le circuit de Fiorano (piste d'essai de la Scuderia Ferrari à Maranello).
La grande piste de sassuolo, une aviosuperficie, se trouve près d'une rivière. Je m'y pose vers 08h30. Blindée de grands hangars, dotée d'une infrastructure complète (clubhouse, resto, bar, pompe carburant...) elle n'a pourtant pas le charme des petites bases.
L'accueil est néanmoins très courtois.
Une fois posé, j'attache l'ulm et demande un taxi. A 09h20, je suis devant le musée Ferrari, l'un des objectifs de ce petit raid italien.
Je jubile dans mon coin, à côté des cars qui arrivent chargés de touristes qui n'ont rien vu d'autre que les rails de sécurité des autoroutes sur leur trajet. On est au même endroit, mais pas de la même façon.
J'appelle encore la météo et j'ai Clément en ligne.
Tous les Dieux le bénissent, il a trouvé le petit créneau qui va bien et me donne un jour de nav' en plus.
J'entre dans le musée, heureux de cette nouvelle option, et visite tranquillement les lieux. Il y en a pour quelques dizaines de millions d'euros, sur 3 salles principales.
L'entrée du musée |
Ici, tout est rouge avec parfois un peu de jaune |
Quelques F1 : Mansell, Prost... |
F1 Gilles Villeneuve |
F40 |
F50 |
F60 ? Perdu ! Ferrari Enzo ! |
Je me fais plaisir à contempler les moteurs de F1 actuels et les plus anciens. Toutes les photos n'y sont pas, il y avait encore d'autres salles...
A 11h00, je me rapproche de la piste de Fiorano et regarde quelques Ferrari de route faire le tour du circuit.
Je me rapproche du musée et cherche un resto. Introuvable à proximité. Décidément .
Je marche encore et encore puis demande conseil à
un livreur.
Attention danger ! Nous sympathisons et il me propose de m'accompagner, c'est à 800m de là. Nous enfourchons son scooter monoplace (!!!!!) de livraison et virevoltons dans les rues de Maranello.
Sa blouse déposée dans le panier avant s'envole, je l'attrape au passage, le scooter se dandine vers le trottoir et reprend par chance son chemin.
Pfiou, on a eu chaud ! Il me dit "entre gens du sud, on doit s'entraîder". Ciao l'ami, merci pour la balade et l'adrénaline.
Je déguste une salade au resto et un taxi me ramène à la base ulm de Sassuolo..
Je laisser filer les minutes et les thermiques. En milieu d'après-midi, je décolle en direction de Venise, grâce à la bonne météo de clément.
Je m'arrête à la piste Deltasport pour réajuster mon siège qui me gène depuis de début du voyage.
Cet ulm n'est plus assez confortable pour les belles nav que j'aime faire. Je cherche un sponsor pour en changer ;-)
Puis ensuite, arrêt à Lusia car mon casque, devenu trop large au fil du temps, crée des bruits d'air et cela devient gênant. Décidémment !
(depuis, j'en ai transformé un, de mon ancienne 125, qui va bien mieux que celui-çi )
Aucune de ces pistes n'a de pilotes sur place. Je laisse un mot dans le club house de la première et j'ai le propriétaire de la seconde au téléphone qui m'invite à revenir le 22 juin pour un rassemblement de pendulaires. Sa piste est privée, elle est située sur son exploitation. Il a environ 4000m² de serres. En arrivant, pas le choix je me pose sous le vent des serres qui bordent la piste. Je pose très court pour profiter de l'éloignement des premières serres de la piste et ainsi éviter un posé agité. Ca marche pour l'attero...
Les ouvriers me regardent d'un air amusé. Le décollage lui sera
nettement moins amusant. Le choix se faisant entre les turbulences ou l'écopage
de l'herbe (fauchée et non ramassée) de la piste par la grille
du radiateur d'eau. J'ai fais une moyenne, le décollage est donc très
moyen mais assez efficace et un peu effrayant pour les gens au sol...
A 18h00, je pose à Santa maria di sala, près de Mirena. Je suis à côté de Venise. Objectif atteint, mais je suis épuisé.
Je salue les locaux et m'affale contre l'ulm pour dormir un peu. J'ai souffert du manque de confort aujourd'hui plus qu'hier.
J'hésite à aller voir Venise puisque demain je dois commencer la route retour.
La demi-heure de repos m'est profitable. En 2005, si proche de Venise, je n'avais pas pu la visiter. Cette fois, je ne laisse pas passer ma chance. Tant pis pour la fatigue !
Après avoir fait le plein et baissé l'aile sur le trapèze, on me dépose à l'hôtel le plus proche et, encore une fois, j'appelle un taxi. C'est la seule solution rapide et fiable pour toucher Venise et dîner là-bas. Pas la moins coûteuse par contre.
30 mn de route suffisent avec un taximen sympa, la nuit tombe sur la lagune et j'ouvre grand mes yeux. J'embarque Piazza de Roma dans un vaporetto qui m'emmène dans le centre. Je me régale, seul, et je pense à cette petite aventure que je vis grâce à l'aviation ultra-légère.
Débarquement. J'ai eu le temps d'apprécier la conduite particulière
de ces bateaux-bus. Je vais maintenant profiter du très peu de temps
disponible pour voir un morceau de la ville.
Première surprise, des vendeurs de tout vendent
des souvenirs à la pelle et des roses aux jeunes femmes accompagnées.
Ce marché appartient clairement aux chinois et aux indiens.
Les locaux (taxi, pilotes) se plaignent de l'immigration des asiatiques et des pays de l'est et me demandent qu'elle est la situation en France.
L'ambiance en ville est bonne, et assez différente
de ce que j'imaginais. Mais c'est le soir... très classe Venise by night.
C'est romantique, c'est vrai. Mais c'est le comportement des gens qui fait cela.
Le calme semble régner, malgré le nombre
de touristes tous pour la plupart en couple ou alors en bande de jeunes. Moi
je suis venu seul, plus tout à fait jeune et pas encore vieux ;
Je ne dîne pas dans un resto, mais je prends deux sandwichs pour manger et marcher en même temps pour visiter le plus possible. J'ai peu de mémoire dispo dans mon appareil photo et peu de batteries. J'économise le tout.
Un distributeur de billets me refuse un retrait. Je regarde furtivement mon porte-monnaie qui ne contient que quelques billets.
Les chinois vénitiens ne me verront que de loin, je passe en mode "fauché".
Je reprends le vaporetto et retourne "Piaza de Roma". Un bus peut m'amener à 1 km de l'hôtel. Il est 23h00
Le guichet de vente me ferme le volet au nez. Je monte dans le bus sans ticket
et me retrouve debout, enserré dans la foule des vendeurs de rues qui
finissent leur journée de labeur. Trois quart d'heures
de trajet dans ces conditions ? Non ! Je descends dans la rue et cherche une
solution de repli.
Taxi, taxi. Pas de taxis. Un anglais a le même problème et nous attendons avec sa jeune épouse une bonne demi-heure. Le dernier bus va partir bientôt et toujours pas de taxi pour nous ! Que faire ? Enfin, après avoir fait la queue à la file, un taxi se présente. Nous négocions un trajet commun corse-angleterre. Le taxi dépose le couple à son hôtel et m'emmène ensuite à Mirano.
En route, je prends conscience que je suis quasi fauché et surveille le compteur du taxi. Je n'ai aperçu tout à l'heure que deux maigres billets mais je ne me souviens plus lesquels. Je ne dis rien au taxi, j'attend d'être devant l'hôtel. Je n'ose lui demander un arrêt à un distributeur, si il voit que cela ne marche pas, il va se poser des questions ou me planter là.
Arrivé à bon port, il annonce 39,80€
! Je sors mon porte-feuille, j'ouvre et découvre, soulagé, que
j'ai juste deux billets de 20€.
J'offre les 20 centimes...
Je me couche sans le sou, il est minuit. Le lit est king size mais, crevé,
je m'endors misérablement sur le bord pour ne plus en bouger jusqu'au
lendemain matin.
Samedi
Réveil difficile à 07h00, douche, petit déj rapide et Constantino (le responsable de la base ulm) m'a proposé de venir à 08h00 me chercher. En route, deux distributeurs refusent encore de me donner de l'argent alors que mon compte bancaire est en forme, comme vérifié sur le point internet de l'hôtel. Je verrai bien à Bologna.
Remontage de l'aile et décollage à 09h00. Je me pose à Pozzonovo et refais la même photo qu'en 2005,
l'ulm a un peu changé (cela se voit peu sur les photos, sauf l'aile)
A l'époque cette piste m'avait légèrement impressionnée (proche du village, des arbres en bout de piste).
Aujourd'hui, je me demande pourquoi.
Tiens, j'ai progressé? :)
En 2005... |
...et en 2008 ! |
Je file ensuite direct sur Bologna, le vent est favorable. Je vole bas sur le parcours et deux avions d'aéroclub me dépassent. Les 1000ft sont respectés : eux sont dessus, moi dessous.
J'arrive à Crespellano puis, à midi, Massimo vient me chercher et nous déjeunons chez lui. Me voilà dans le fief DTA en italie !
On parle pendulaire, salon de blois, ...
L'après-midi, le pollen me force au repos. Et c'est une très bonne chose, j'en avais besoin. A 17h, Massimo a fait un tour de piste avec le Combo et nous partons dans l'heure vers Florence pour une sympathique nav' à deux pendulaires.
Nous montons presque à 2000m pour éviter d'être sous le vent des reliefs et nous posons ensuite à la très belle base de Galliano,
juste au bord du lac artificiel. L'attero est délicat et turbulent à cause des arbres encerclant la piste.
Après un café italien , nos routes se séparent.
Je poursuis vers San Vincenzo retrouver un autre Massimo, tout aussi sympa.
Le soleil décline alors que j'approche de la côte après 01h30 de vol et une pointe GPS à 165km/h dûe au fort vent laminaire de sud-est
(note perso: ça y est jérome, je vole en Quik moi aussi !).
Je me pose dans une ambiance de ciel rougeoyant du plus bel effet. Massimo m'accueille et nous filons dîner en ville avec un de ses amis pilote.
Le bar-restaurant "la fontana" nous propose une soirée rose
du plus bel effet (le personnel est habillé en rose, la fontaine coule
rose, etc).
A 1h du mat', je m'endors.
Dimanche
Réveil à 06h00, je fais le plein alors que Massimo dort. Je décolle de san Vincenzo vers Ghisonaccia à 07h00 pour un posé à 08h20.
Cette traversée se passe sans encombre. J'ai
juste le dégout de voir une nappe d'hydrocarbure souiller une mer d'huile,
sans jeu de mots.
Ce cargo me donne le sens du vent.
Atterrissage à Ghisonaccia. Je range mes affaires et quitte l'ulm qui
a une nouvelle fois écrit une page de souvenirs dans ma vie.
Dommage de ne pas pouvoir en profiter sur une plus longue période.
Prochaine destination ? Prochain ulm ??? Faites vos paris !
Rédaction & Photos : Alain
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