Les NAVS de CORSE ULM

14-17 Juillet 2005
ITALIE SOLO 2005
Cap sur Venise

A moi... l'Europe !
ou l'histoire d'un p'tit Corse quittant son île en ULM...




La préparation

Ayant repéré depuis quelques mois le pont du 14 juillet, j'avais réfléchi sans trop y croire, à un projet de nav' ambitieux, mais surtout compatible avec mon timing. Quatre jours, pas un de plus (sauf raison de sécurité).

Mi-juin, je commence à tracer d'improbables lignes droites en direction de l'Italie. Début du mois, j'hésite encore entre le nord de Rome et le Sud de Venise. Le franchissement vers l'Est de l'Italie me plaît bien, d'autant que les autres pays européens ne sont plus si loin... Mais il y a quand même à traverser la mer pendant une heure et demi. La passion (ou la déraison ?) est plus forte, et je m'équiperai en conséquence. Le problème principal étant d'être seul à faire la traversée car Thierry, Paco et Vincent, ne pouvaient pour diverses raisons être de la partie.
Quant à Michel, ce n'est que partie remise, car trop fraîchement lâché.

Mercredi 13 Juillet, après une intense semaine de préparation chaque fin de journée, après le boulot, je suis à la bulle. Le week-end précédent, j'avais déjà emmené vêtements et nourriture, fais les pleins, etc... Restait à fignoler les détails.


Liste de l'équipement :

Pour l'étape: tente, duvet, matelas gonflable, trousse de toilette

Vêtements: un pantalon qui fait aussi short, un pull fin et un moyen, une fine combi de pluie/ coupe-vent,
casquette,
blouson de vol, deux tee-shirt,...

Pour la nourriture: six boîtes de salade composée (avec fourchette sous le couvercle !), deux litres d'eau (une grande bouteille et une petite)

Pour l'ULM: six litres d'huile, un bidon de 20l dans le coffre derrière mon siège, sangles, 3 piquets, queue de cochon, couteau multifonction, chiffon, housse de l'ULM, pochette avec outils et petits consommables

Pour la sécurité : trousse de secours, mini couverture de survie, lampe frontale à leds

Pour la traversée maritime : combi de jetski, gilet auto-gonflable, trousse "S.O.S." (voir détail plus loin)


Jeudi,
jour du départ


Cocorico ! 5h30 du mat'. Le réveil est difficile mais il faut savoir ce que l'on veut !
Le décollage s'effectue une heure après, le GTE bien chargé, avec 20 litres de carburant de réserve, toutes les poches pleines et un gros sac sanglé sur la poutre.

Ce soir, je suis au bord de la mer adriatique !

Je passe Sartène, le Col de Bacinu et Solenzara au lever du soleil. Direction Ghisonaccia pour un refuelling rapide (j'avais déposé un bidon la veille, avant de venir à Propriano) sur place. Je ne fais pas le détail de la balade, c'est du vol local.

Sur l'aérodrome, après avoir remis 15 litres, je m'équipe en conséquence pour la traversée : Combinaison de jet ski, gilet de sauvetage, sacoche "SOS". Cette sacoche étanche contient une fusée de détresse, de l'eau, la batterie et l'antenne de la radio ainsi qu'un téléphone portable supplémentaire pour appeler le 112, au cas où…). Elle est sanglée à mon gilet et ne peut donc m'échapper en cas de plongeon.
Reste à avoir la technique pour défaire la radio du tableau de bord et la mettre dans la sacoche ;-)

Pour le côté fun, j'ai démonté la "branlette" à carburant pour ne garder que le tuyau. Un côté dans la combi, l'autre coincé dans le siège. Il suffit de sortir cette extrémité dehors pour se rafraîchir. Juste après le décollage, ca m'a fait du bien, je ne m'en suis plus servi après...

La plaine au Sud de Bastia, en quittant l'ïle

Je repars donc en direction du port de Campoloro, dernier lieu de survol de la terre Corse, avant de prendre la direction de Pianosa et Elbe. Mise en route du transpondeur. Je dois passer au-dessus d'une zone D italienne active (Pianosa). J'avais pris les renseignements nécessaires auprès du BRIA d'Ajaccio et du bureau de piste de Bastia. Le vent n'est pas contraire à ma route, et j'atteins Pianosa et Elbe après une heure de vol.

La traversée est un mélange d'un peu de stress, d'une grosse dose de plaisir, de rêve et de régime moteur...
Je crève d'envie de faire un super-méga radada de plus d'une heure, mais ce n'est guère prudent... ;-)

Alors que je pensais avoir chaud avec la combi, je m'aperçois depuis déjà un bon moment qu'un blouson aurait été utile…
Au fait, je suis au FL55, soit 5500 pieds (environ 1800m).

Ile de Pianosa

et, au fond,

celle de Monte Cristo
dans la brume


Ayant vraiment trop froid, je choisis une option sage mais quelque peu inconnue : poser à l'Île d'Elbe !
J'avais repéré sa position sur la carte et contacte la tour en italien. Je lui fais part de la situation et demande un atterrissage
pour 10mn d'occupation de leur parking.
La piste est située entre la plage au Sud et le pied d'une montagne au Nord. Ca peut brasser sévère !
Mais le vent est faible, donc tout roule ! Posé, et direction le parking.
Je me délecte au roulage car ce n'est pas tous les jours qu'un ULM s'y pose, surtout venant de Corse !

En approche de Marina di Campo,
Ile d'Elbe

Des touristes me regardent -amusés- à travers le grillage, en train d'enlever ma combinaison de jet… No comment !
Une voiturette vient à ma rencontre et me demande d'aller au bureau de piste.

Je termine le rangement de l'appareil, et rejoins les locaux de l'aérodrome.
Il s'agit de taxe d'atterrissage ! Aïe, j'ai peur d'un tarif de luxe. Mais "seuls" 18€ me seront demandés !
Ca est, j'ai payé ma première taxe ! Je n'ai pas négocié car je n'avais pas vraiment à me poser là.

Le gars triche sur mon immatriculation car ils n'ont pas le droit d'accepter les ULM l'été ...
( l'hiver c'est donc possible, mais l'eau est froide...).

J'ai pris pas mal de photos d'Elbe, on ne va pas y retourner souvent alors...

Un café plus tard (0,80 €, correct), je repars en pantalon -donc sans combi- pour une "mini" traversée maritime, entre Elbe et le continent.
Soit quand même l'équivalent des Bouches de Bonifacio...

On distingue à peine le Cap Corse à l'horizon

J'applique la réglementation italienne : 500 ft/sol, heu pardon ! /mer. Je survole peu de temps après le Nord de la zone industrielle de Piombino et cherche sans succès ma plate-forme de destination. Introuvable ! (et fermée en fait)

Je me déroute de quelques kilomètres vers le Nord et atterris à San Vincenzo. Je m'aligne entre les oliviers, il est midi, le soleil cogne et l'atterrissage est sportif. Personne en vue, je prend un repas basique emporté à bord de mon petit airbus et entame une longue sieste sur le siège avant de l'ulm, disposé à terre. Les criquets me bercent gentiment, le calme de l'endroit me va à merveille.

Vers 14 heures, j'empoigne mon bidon et pars à la recherche d'une âme charitable et motorisée. J'ai besoin de ces litres supplémentaires car il faut que je traverse toute l'Italie d'Ouest en Est dans la soirée. Je trouve une dame charmante dans une maison à côté qui m'invite à attendre son mari. Pas surprise de me voir débarquer avec mon bidon… ce sont en fait les propriétaires de la piste !

Plus tard, je rencontre Massimo (très sympa), qui me véhiculera à la station du coin.
Le plein est fait, et je conviens de revenir le voir dans deux jours.

Il est 17 heures, je décolle pour Cavriglia, au Sud de Florence.
Je m'y pose à 18h30. L'accès est technique, on doit attaquer le seuil en virage et près du relief, en prenant garde aux fils haute tension.

Base de Cavriglia, centre de l'Italie

Refuelling, et c'est parti pour la dernière étape de la journée.
Je monte à 6500 ft pour passer les sommets, survole un barrage et quelques paysages sympas.
La traversée est longue mais pas ennuyeuse !

Sur la carte, je me réjouis de passer chaînes montagneuses et vallées, et donc de traverser ce joli pays,
avec des villes connues à proximité comme Florence par exemple.

Arrivé près de la côte Est, à 10 km de ma destination,
je vole dans la plaine à 500 ft/sol quand soudain, une installation aéroportuaire se dévoile à moi !
Aïe ! Me suis-je complètement planté dans ma nav', bien que mon GPS m'indique le bon cap ?!...!
Je ne cherche pas à comprendre plus que ça, et pique à 200ft pour éviter de survoler les installations
et contourne largement par le Nord.

Version 2004

C'est celle-là !

Version 2005

Voilà l'explication du problème rencontré : on voit clairement l'oubli de la zone militaire sur la carte du magazine Volare (en vert )

Une fois éloigné de tout cela, je me redirige vers l'aviosuperficie de Ravenna où je suis attendu à 20 heures. J'ai 2mn de retard… ;-)

20h02. Arrivée à Ravenna. Notons le fil téléphonique en bout de piste...

J'étais attendu et l'accueil des membres du club "Ali di Classe" est chaleureux. On me prête un vélo pour mes déplacements de la soirée. Le club house est hors normes : fauteuils, TV, grandes tables, simulateur de vol, bureaux, agencement au top, distributeur de boissons, etc…
Et la piste ! Ahlalala, la piste !
Elle fait 700 mètres, joliment tondue et même pourvue d'éclairage nocturne !
Je demande alors quel est cet aérodrome qui m'a fait prendre une suée et j'apprend que c'est une zone militaire.

Ils me laissent la porte d'un couloir ouverte, donnant sur les sanitaires.
Tellement propres que j'y dormirai cette nuit. Non, je ne rigole pas, on pourrait même manger par terre !
J'enfourche sportivement le vélo (non mais, tu m'as vu ?...), et pars vers le resto le plus proche.

L'adrénaline de la journée retombe, et je m'imprègne lentement de ma nouvelle situation.
Je suis bel et bien en Italie, sur la côte Est à 100km à vol d'oiseau -ou d'ULM, of course- de la Croatie.
Et demain, je remonte vers Venise. Quand j'y repense !

Je téléphone aux quelques amis au courant de cette aventure en attendant mon repas.
J'en finis avec le resto et repart en pédalant deux kilomètres dans la nuit italienne puis je m'enfile dans le sac de couchage.
Minuit, l'oiseau a sommeil.


Vendredi

Réveil vers 6h30. J'enfourche à nouveau la bicyclette après avoir sanglé mon bidon de 20 litres dessus.
Je repédale en direction de la station service. C'est clair, le pompiste n'a jamais vu de vélo fonctionnant au Super…
Le retour est délicat, car le centre de gravité n'est plus le même ;-)
C'est la seule fois du voyage où j'ai vraiment failli me casser la gueule, où que j'en avais conscience en tout cas.
Heureusement, il y avait une piste cyclable.


Je trouve le pilote du CT qui rentre au Nord de l'Italie.

Quelques instant après, un hélico militaire survole la piste…
Aïe, je pense à hier !!! Un signe de la main, et je ne le reverrai plus, ouf.

Je décolle vers 9 heures en direction du sud-ouest de Venise, à Pozzonovo.

Tu vois cette photo ?
Là, tu maintiens le cap 1h30
et t'es en Croatie !

C'est comme Bastia-Piombino en fait...

Le vent est dans le dos et me pousse volontiers vers ma destination. Radada sur la plage de Ravenna.

T'as vu la technique de pêche ?

Voici une version organisée et la version plus naturelle...

Je survol le lac de Comacchio (10km de long), et pose à Valle gaffaro à mi-parcours.

300 heures !

Une piste absolument splendide de 900 mètres et 45 de large. Un trois axe vient de se poser et deux pendulaires sont là, sans les pilotes.
Aux autocollants apposés sur les carénages, je comprends qu'il s'agit là de machines de voyage, le 912 qui les équipe ne laisse aucun doute !

Sachant que cette base sera mon étape intermédiaire retour de la soirée, je leur laisse un mot, pour essayer de les rencontrer en fin de journée. Enfin des pilotes de "Delta" ("pendulaire", en italien) dans ce pays.

 

Je repars vers Pozzonovo, et atteint ma destination 30 minutes après.

Le survol du Pô,
au coeur du delta du même nom.

 

Une bonne étape de faite...

La piste ne laisse que peu de choix comme prévu : le survol de la ville est interdit car elle est dans l'axe, et en bord de seuil...

Attero, et je me gare sur le côté de l'aerofficina d'Ezio Corsariol, constructeur d'ulm, avec une expérience intéressante dans les avions légers pour l'armée, mais aussi les planeurs. Nous parlons un peu mécanique, et il me montre ses réalisations, dont une avec un beau moteur Alfa Roméo de 130 Ch, carter et collecteur d'admission en carbone, boulonnerie titane… s'il vous plaît ! Nous nous retrouvons pour le café.

Vent de cul pour le futur décollage...

Je passe une partie du début de l'après-midi à faire une bonne sieste, la bâche de l'ulm au sol,
le siège dessus pour le confort, sous l'ombre de l'aile.
Tip top !

Peu après, je m'éveille et m'occupe de mon retour à Ravenna. Plein d'essence, prévol et ohhhhh !
Surprise!

Une cosse de masse a été rompue par les vibrations. Bien que cela ne soit pas grave, j'essaye de réparer. Evidemment, j'ai une chance dingue car elle casse sur la seule aviosuperficie équipée d'un atelier. A nous deux, le problème est réglé en 5 minutes, Ezio ayant confectionné une cosse ad hoc pendant que je démontais l'ancienne.

Agréable rencontre que celle avec Ezio, mais le temps joue contre moi, et je décolle vent de cul pour respecter le sens de la piste.

Je retourne (face au vent) sur Valle gaffaro, et j'ai enfin le plaisir de rencontrer les deux pilotes de delta.

Ils reviennent "tout simplement" du Cap Nord, après un mois et 100 heures de vol.
D'autres personnes sont là, et nous sympathisons également. Comme il m'avait été indiqué, la serveuse est charmante ;-)

En fait, pas mal de pilotes viennent boire un coup ici pour son joli minois ;-)

Un gyro au roulage

Nous convenons avec les pilotes des Rataplan (la marque de leur ULM, made in Italia), de faire un bout de chemin ensemble,
car ils prennent la direction sud, vers Rimini.

18h30, départ à trois. Leurs ailes Polaris et Ellipse sont rapides, je galère pour suivre...

Plus tard en survolant Ravenna, nous nous saluons à la radio, je me pose et termine cette agréable journée.

Vélo, resto, vélo, dodo, c'est connu !

Ayant annoncé mon retour en fin de journée, je reçois un certificat attestant ma venue sur place.

Là c'est sûr, j'y étais !

 

;-)

Cette journée, c'était ma boucle de repos, de balade, de farniente. Du local quoi !


Samedi

Je décolle pour mon retour en Corse, déjà ! Ca passe vite mais j'avais le but de prendre mon repas à Propriano dimanche midi.
Il faut tenir ses objectifs, si possible. Il est 8 heures quand je quitte l'Est de l'Italie. A quand le retour ici ?

Mon parcours est le même qu'à l'aller, je contourne proprement la zone militaire, tout en évitant l'aéroport civil au Nord.

Ici !

On distingue l'aéroport civil de Forli sur la gauche.

Passez la souris sur l'image...



 

Je viens de passer le plus haut relief, et descend vers mon étape. Vous avez dit "vachable" ?...

 

Retour un peu plus laborieux jusqu'à Cavriglia, vent de face oblige. C'est le week-end, et la base est active.

Un delta part pour Valledoria, au Nord de San Vincenzo. Son GPS est plus grand que la surface de son tableau de bord…

Je refuel et mange un bout. Impossible de franchir le relief immédiatement après le décollage, je dois spiraler jusqu'à 4000 ft.

Au loin, la côte Ouest italienne

 

De haut en bas : cap, temps restant avant San Vincenzo, vitesse/sol, altitude... Pas vite, hein ?

Le dernier relief franchit, ma vitesse-sol faiblit.. Courage ! De longues dizaines de minutes s'écoulent, et les fortes turbulences m'imposent de plus un détour par le Nord, pour contourner les reliefs. Mais à côté des turbulences de Figari NW, c'est de la rigolade, ou presque.

La mer, enfin !

Au fond de la photo tout à gauche, Livorno dans la brume

Visuel sur San Vincenzo. Rapide coup d'œil vers la Corse avant le posé, on ne la distingue pas cachée par la brume épaisse…

Je pose peu avant midi. Massimo m'attendait sur place comme prévu. Nous prenons la route avec un de ses amis pour refueler. Nous faisons une pose en ville, dans un café. J'achète le magazine Volare et poste une carte -avec des chevaux- pour Lucie and Co ;-)

Nous nous arrêtons faire le plein de "Propano", pour la voiture. La station ressemble à une zone militaire sécurisée, en dehors de la ville en raison de son côté "hautement explosif". Le pompiste soulève le capot et branche lui-même un pistolet similaire au système GPL.
Coût du plein ? A peine 11€, pour 12 kg de gaz, soit 400 km d'autonomie.

Nous partons ensuite dans la baie de Populonia pour se rafraîchir en bord de plage.
Un repas et une baignade plus tard (eau bien chaude, svp!), il est 16 heures 30. Nous retournons vers le Campo di volo.

Votre webmaster et Massimo,
accueillant responsable du Campo di volo de San Vincenzo

18 heures, je m'équipe "survival" pour passer la mer.
Décollage de la base pour un direct vers le Cap Corse.
A peine décollé, le GPS affiche 70 km/h, et 1h30 pour traverser la mer.
Pas splendide, mais bon on va faire aller.

Je monte à 4000ft, me dirigeant vers le FL65.
Ma vitesse-sol chute à 40km/h, et je contacte le SIV de Bastia, qui ne reçoit pas le signal du transpondeur.
(J'apprendrais bien plus tard que le problème vient souvent du radar..., mon transpondeur étant ok)


Etant toujours en zone italienne, ils me demandent de contacter... Rome info…
Les -mauvais- souvenirs de ma Sardaigne solo avec Olbia me reviennent. Je leur précise le truc habituel : ULM en Italie = NO RADIO !
Très pros, ils vont demander un autorisation à Rome info, ce qu'ils obtiennent. Je dois donc contacter les italiens de Rome…

Ah! Si j'étais passé à 500ft… sous la zone. J'ai voulu jouer la carte de ma sécurité, mais je m'en mord les doigts. En effet, quoi qu'il arrive, à 5000ft ou 500ft, je suis quasiment sûr d'aller à l'eau si le moteur me lâche. Le vrai souci étant d'alerter les secours. Et là, entre 10 minutes de temps ou une minute en radada… Y'a pas photo ! Avec une patrouille de deux ULM, cela peut être gérable, l'un assurant la sécurité de celui qui va à la flotte. Tout seul, c'est une mauvaise solution de voler bas.

Un gros problème pour le contrôleur, causé par le vent, car dans son trafic je suis presque à l'arrêt (40km/h...). Et mes messages de position sont souvent les mêmes, à 10 minutes d'intervalle… Enfin je passe en FIR française, et retrouve ma charmante et compréhensive contrôleuse, vole petit ulm ! Toujours pas de signal radar, et des gros porteurs approchent à 5000 ft. J'en vois un au-dessus du Cap Corse, bien loin de moi.

L'Île de Capraïa

La piste est presque en vue, il est 20 heures (j'ai déjà fait plus de 2h de survol maritime...). Je demande le FL45.
Deux autres avions commerciaux passent -loin- derrière moi, j'ai visuel à chaque fois, ce que je confirme à la radio.
Mais la contrôleuse a fini sa journée, et le monsieur qui suit est bien moins aimable
et me fait très explicitement remarquer que je les emmerde à me traîner un samedi soir chargé dans leur zone.

La malchance a voulu que le transpondeur me lâche, certes. Mais ce n'est pas en traitant les pilotes de loisir de cette manière que l'on va contribuer à améliorer la fréquence des contacts radio. S'ils savaient le nombre d'étrangers qui passent en OFF...
(j'apprendrais plusieurs mois après que le problème ne vient pas du transpondeur mais... du radar !)

J'atterris enfin vers chez mon copain Claude dans le Cap. Nous rangeons les dernières affaires ensemble, et partons chez lui. Frédéric et Saccomano (pilote de delta italien), deux amis de Claude étaient également présents. La soirée est agréable bien que courte. Il faut se lever tôt demain ! Décidemment, avec Claude, on n'a jamais eu le temps… de prendre le temps. Ca viendra ! On a encore plein de choses à se dire.
Nous parlons quand même du voyage.


Dimanche

Le lendemain, réveil à 6h30 pour un petit déj' express et un saut à la station service avec Claude. Je décolle à 08h00 en direction de Corté, par l'intérieur des terres, ce qui n'étais pas prévu. Mais j'ai préféré me faire oublier du contrôle bastiais, quitte a me faire brasser…

En montant à 4000ft pour passer les reliefs, je suis rapidement rappelé à l'ordre, car sous le vent du relief insulaire. Et oui, ça change de l'Italie… Je n'insiste pas et passe un peu plus au nord, là où la montagne se fait plus basse. Ca passe tranquille.

Je vais donc ensuite au-dessus de Saint-Florent, hors zone contrôlée.

Soudain, l'aiguille de l'EGT de mon tableau de bord indique un écart anormal !
Pas de panique, l'aiguille est en bas du cadran, c'est la sonde qui a dû lâcher. Je cherche davantage les terrains vachables… espérant que ma déduction soit la bonne. Le moteur, lui, tourne toujours rond.

Peu de temps après, je pose à Corté. Démontage des bougies pour contrôler leur état. Elles sont toutes de couleur identique, c'est donc bien la sonde EGT qui est HS ! Je m'arrête boire un café au camping, sympathise avec un mécano de chez Corseus Helicoptères qui est sur le tarmac.
Un peu pressé, je zappe les photos...

Déco et 20mn après, je m'annonce à la radio de Ghiso. Surprise, Vincent "TWR" me répond de la radio du club-house.
Ils sont arrivés comme prévu de Propriano, et m'attendent pour le retour. L'accueil des pilotes avion locaux est toujours sympa, et nous repartons vers 11 heures avec quatre ULM (Vincent, Michel et Philippe le Lillois).

 

A Ghisonaccia, retrouvailles avec les pilotes du Club. Michel était là avec son Tanarg, c'est sa première nav'.

Ca me rappelle le mois d'Avril 2003, j'avais fait ce jour là ma première grande balade solo sur le GTE, heureusement accompagné par Vincent.

Ensuite, retour classique par la côte, et posé à Propriano. Je savoure ces derniers instants.

Thierry et Paco sont aussi là. Je voulais rentrer dimanche midi à Propriano pour cela : partager un bon moment avec les amis du club.
En effet si j'étais rentré le soir, tout seul dans mon coin, ca m'aurait un peu déplu !


Le bilan !

Quatre jours de raid, 20 heures de vol, 9 bases et aérodromes visités, le cap de mes 200 heures perso est passé.

L'ULM, quant à lui, a tellement bien marché qu'il a droit à sa grande révision by Paco !

Du bonheur de voler de mes débuts, j'ai goûté au bonheur de voyager, de rencontrer et échanger !
Et plus on va loin, plus on a envie d'aller encore plus loin...

Alors les gars ? On y va quand ensemble ?



Photos & Rédaction : Alain


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